Voitures électriques : pourquoi ne se vendent-elles plus ?

En 2024, la courbe des stocks de voitures électriques d’occasion a grimpé en flèche sur le territoire français. Les chiffres sont têtus : les concessionnaires affichent des files de modèles invendus, les promotions inédites se multiplient, et plusieurs constructeurs révisent à la baisse leurs ambitions. L’enthousiasme initial du secteur laisse place à un constat plus rude.

Le marché des voitures électriques d’occasion en France : état des lieux et évolutions récentes

Le marché des voitures électriques d’occasion en France, longtemps porté par la dynamique écologique et les aides publiques, connaît un sérieux ralentissement. Les stocks grossissent, les véhicules attendent plus longtemps preneur : aujourd’hui, il faut parfois trois mois pour conclure une vente, contre moins de deux pour une thermique. Ce retournement surprend, au regard des prévisions optimistes des années passées.

Renault, BMW, et d’autres grands noms, qui tablaient sur une montée en puissance du segment, réajustent leurs stratégies. Les modèles électriques se vendent avec difficulté, même lorsque les concessionnaires cassent les prix sur des modèles quasi neufs. La décote, elle, s’accélère : une berline affichant à peine quelques milliers de kilomètres peut voir son prix chuter vertigineusement. Plus que jamais, le prix ne suffit plus à faire revenir les acheteurs, surtout pour les premiers modèles apparus sur le marché.

Pour mieux cerner cette réalité, voici quelques points saillants :

  • Les ventes de voitures électriques d’occasion stagnent, et ce malgré des prix cassés.
  • La tendance française suit celle de l’Allemagne et des Pays-Bas, où le marché marque aussi le pas.
  • Certains modèles du groupe Volkswagen, par exemple, affichent des délais de revente plus longs encore que la moyenne.

Dans ce contexte, les professionnels attendent beaucoup d’une nouvelle impulsion réglementaire ou de subventions renforcées. Mais la confiance des acheteurs s’est érodée : aujourd’hui, l’offre dépasse clairement la demande, et beaucoup hésitent à franchir le pas.

Quels sont les principaux freins à l’achat d’une voiture électrique d’occasion ?

Les obstacles à l’achat d’une voiture électrique d’occasion se multiplient. Fini le temps où seul le prix faisait la différence. Le cœur du problème, c’est la batterie. Sa durée de vie réelle reste une inconnue, surtout sur les modèles de première génération. Malgré la progression technique sur les véhicules neufs, la crainte d’un remplacement coûteux refroidit bien des ardeurs. Les études de l’Ademe, tout comme les retours d’expérience, mettent en lumière des factures de batterie qui peuvent dépasser la valeur résiduelle de la voiture elle-même.

Autre point de friction : le réseau de recharge. Il s’est densifié, certes, mais l’accès aux bornes reste inégal, notamment hors des grandes agglomérations. Pour beaucoup, rouler en électrique d’occasion rime avec autonomie limitée et organisation complexe, surtout avec une batterie qui n’est plus au maximum de ses capacités. Face à cela, les modèles thermiques gardent la cote pour leur praticité et leurs coûts d’usage mieux maîtrisés.

Voici les principaux freins recensés par les professionnels et les usagers :

  • Valeur résiduelle imprévisible : la décote rapide rebute, car la revente future est incertaine.
  • Garantie batterie trop courte : souvent, la couverture constructeur prend fin avant la vraie retraite du véhicule.
  • Assurance coûteuse : les jeunes conducteurs notamment paient le prix fort pour une électrique d’occasion.

Les progrès techniques sont là, mais la rapidité de renouvellement des modèles inquiète : investir aujourd’hui, c’est aussi risquer de se retrouver avec une voiture dépassée dès demain. Résultat, le marché des électriques d’occasion peine à convaincre, et la dynamique du secteur s’en ressent.

Entre inquiétudes sur la batterie et décote rapide, des obstacles persistants

La vague d’optimisme autour de la voiture électrique s’estompe une fois passé le cap du neuf. Sur le marché de l’occasion, les acheteurs veulent des garanties : capacité de la batterie, niveau d’usure, montant d’un remplacement éventuel. Or, les constructeurs, Renault, BMW et consorts, limitent leurs engagements dans le temps et en kilomètres. Passé le seuil de garantie, c’est l’inconnu, et l’absence de standards clairs sur la santé des batteries alimente la méfiance. La revente devient alors un exercice d’équilibriste, où chaque détail technique peut faire dérailler la transaction.

La décote s’avère bien plus brutale que sur l’essence ou le diesel. La technologie évolue à marche forcée, et personne ne veut d’un modèle déjà déclassé. Illustration concrète : une Renault Zoé de 2018 peut perdre près de la moitié de sa valeur en cinq ans. Les modèles d’entrée de gamme s’accumulent sur les sites d’annonces, certains restent en ligne des mois durant sans trouver preneur.

Les difficultés majeures, relevées par les propriétaires et les experts, sont les suivantes :

  • Prix élevé en neuf : malgré les aides, l’écart avec le thermique reste marqué, ce qui plombe la revente.
  • Revente ardue : la demande faiblit, et ceux qui souhaitent changer de véhicule doivent souvent revoir leurs prétentions à la baisse.

La promesse de rouler pour moins cher s’efface derrière les craintes liées à la batterie et à la perte de valeur. Sur le marché, la transition énergétique se heurte à une résistance que ni la hausse des carburants, ni les discours politiques ne suffisent à lever.

Jeune femme dans une voiture électrique regardant son téléphone

Quelles perspectives pour relancer la demande sur le marché de l’électrique d’occasion ?

Face à ce plafond de verre, les acteurs du marché cherchent des solutions. La prime à la conversion, efficace sur le neuf, reste timorée pour l’occasion. Certains spécialistes réclament de nouvelles aides, plus ciblées, en direction des foyers modestes ou des habitants de zones rurales, ceux qui, justement, dépendent le plus de leur véhicule au quotidien. Aujourd’hui, le surcoût perçu pour une voiture électrique d’occasion demeure un frein face à la thermique d’occasion, difficile à compenser avec les dispositifs existants.

Mais l’enjeu dépasse le simple prix d’achat. Il s’agit aussi de redonner confiance. La transparence sur l’état des batteries devient indispensable. Des initiatives émergent : diagnostics indépendants, certificats de capacité, garanties prolongées, autant d’outils qui pourraient rassurer les acheteurs, à l’image des labels de qualité sur les véhicules traditionnels. Le marché attend des standards clairs, une lisibilité qui manque encore cruellement.

Plusieurs pistes sont déjà sur la table pour dynamiser ce secteur :

  • Etendre le bonus écologique à l’occasion
  • Lancer un réseau de contrôle technique dédié à l’électrique
  • Former davantage les professionnels à l’expertise batterie

La France n’est pas seule à faire face à ces défis. En Allemagne et aux Pays-Bas, des dispositifs de soutien à la revente et à la reprise des véhicules électriques sont testés. Côté constructeurs, de nouveaux services voient le jour : leasing social, packs de garanties, offres de location de batterie. Les lignes bougent, mais l’équilibre reste à trouver.

Le marché des voitures électriques d’occasion avance sur une ligne de crête. La route est loin d’être tracée, et le prochain virage pourrait bien surprendre tout le monde.

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